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Gone With The Book...
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21 mars 2015

Une poignée de gens (1998) & Aux quatre coins du monde (2001) - Anne Wiazemsky

Une poignée

Aux quatre

«Un paysan appelé Vania poussait une barque. Des enfants l'entouraient. Il est mort d'un arrêt du cœur, là, quelque part dans l'herbe. Les enfants ont grandi en exil, sous d'autres nationalités. Ils sont devenus français, anglais, américains. La plupart ne sont jamais revenus en Russie.»

«Des hommes, des femmes et des enfants, demeuraient serrés les uns contre les autres sur les ponts. Beaucoup pleuraient en silence. Beaucoup s'étreignaient. D'autres restaient à l'écart, prostrés dans une douleur muette. Tous éprouvaient le même chagrin, la même détresse devant l'inconnu qui s'ouvrait devant eux et qui ressemblait à cette nuit si noire et si hostile. Chacun, à ce moment, se retrouvait seul dans sa souffrance. Et chacun s'accrochait à une certaine idée de la vie, se promettait qu'il reviendrait, que l'exil ne durerait pas. Quelques-uns, seulement, savaient. Ceux-là regardaient disparaître les côtes de Russie le cœur déchiré, croyant encore les voir, quand il n'y avait plus rien que les vagues et eau, à l'infini. Ils savaient que sur les milliers d'émigrants qui avaient dû fuir la Crimée, ce 11 avril 1919, presque aucun ne reviendrait.»

Ces deux romans retracent les dernières années d'une famille d'aristocrates russes en Russie avant que les Bolchéviques ne les contraignent à s'enfuir, les mains vides, pour survivre au printemps 1919. Dans le premier, on respire d'abord un petit air des auteurs classiques russes dans les descriptions de la vie de famille à Petrograd ou dans leur manoir à la campagne. Une vie heureuse, insouciante, égoïste et puis tout dérape et en l'espace de quelques mois, les tragédies se succèdent, les membres de la famille sont séparés, puis réunis, puis séparés et on voit comment il leur faut bien deux ans pour comprendre qu'ils mourront tous s'ils restent en Russie. Une histoire très touchante et surtout une très belle illustration de comment le Grand Empire Russe est devenu un pays de «pauvres et de très pauvres» pour citer une des protagonistes en deux temps trois mouvements. Merci à ma cousine Bécassine de m'avoir fait offert ces bouquins. D'Anne Wiawemsky, je n'avais encore rien lu bien que, lors de ses récents passages à La Grande Librairie, elle m'ait donné envie de lire ses livres retraçant son incroyable histoire  (petite-fille de l'écrivain François Mauriac, fille d'un diplomate issue d'une famille princière russe, qui a probablement beaucoup inspiré celle de ces deux romans, plus tard, elle deviendra aussi l'égérie de la Nouvelle Vague et l'épouse du cinéaste Jean-Luc Godard).

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Commentaires
B
Ahhh j'ai adoré...
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